après la pluie le beau temps

On a beau se le dire, on a beau le savoir, sauf que parfois le brouillard nous colle au cul même quand il fait soleil. Et plutôt que de publier de la merde, j’ai lu du beau, j’ai visionné du doux. Une boulimie de beauté extérieure pour extirper le venin.

Écrire tout de même sans publier. Écrire quelque chose, peu importe quoi pour ne pas perdre pied.

J’ai tracé des lignes, et entre elles j’espérais, sans trop y croire.

Il y a des creux plus profonds que d’autres. J’ai sombré. Même les mails de l’amant en couple sont devenus lassants, même les baises avec l’amant plus jeune. Passer à autre chose. 

Ne plus perdre mon temps.

Déjà décider de ça.

Et le regard change.

Je me suis secouée un peu plus fort pour permettre à ma vie de prendre une autre trajectoire. Au fond, je suis vibrante, optimiste et je crois que les possibles sont juste là, à portée de main.

J’ai pris mon samsung alors que juin s’annonçait chaud. J’ai téléchargé Tinder. Et en deux jours ma trajectoire a percuté une météorite. Littéralement.

Les feux d’artifice au-dessus du pont Jacques-Cartier sont d’une pâleur risible à côté de ceux que vous déclenchés dans ma tête, dans mon corps, depuis ce premier rendez-vous au bar Grenade. Oui, parfois, tout fait sens. Même le nom d’un bar.

Explosif est l’instant où tout bascule.

Comme des aimants compatibles. Naturellement attirés. Tout nous plaisait au premier regard hors du virtuel. Parfois cela arrive. Cela est rare. Précieux. 

Votre sourire tout au fond de la terrasse en me voyant arriver. Constater que le mien était aussi radieux. Je me suis avancée vers vous légère. Vous vous êtes levé, grand, mince, beau, farouchement beau, plus beau que sur vos photos. Avoir cette impression d’un soir de chance, d’un vent qui tourne. De nos baisers sur les joues, le désir s’est installé comme une promesse.

Au-dessus de nos têtes, un ciel étoilé.

Les astres étaient alignés.

Comme dans les films.

Encore faut-il qu’il y ait de la consistance, de quoi stimuler non seulement le corps mais l’esprit. Encore là comme des aimants compatibles, la conversation coulait de source, amusante, tonifiante, un long plan-séquence savoureux, un sans faute ponctué de rire, de délire, de complicité non feinte. En moins d’une heure, j’oubliais le temps et toute la merde des mois d’avant.

Le bien-être se partage à chaud.

Vous m’avez raccompagné jusque chez moi. Entre Ontario et Logan, nos pas faisaient exprès pour se rapprocher dans un frottement de bras, un effleurement d’épaules.

Notre baiser devant chez moi s’est prolongé tellement c’était bon. Collée contre vous, la connivence, délicieuse, suintait de nos pores, des pieds à la tête. Je vous ai laissé monter chez moi et depuis, sans surprise, avec ravissement, nous baisons comme des bêtes avides.  Tout de suite cela était clair, limpide. S’amuser ensemble est devenu la plus belle chose qui soit. Je connais maintenant l’extase.

Depuis, nos jours sont des fêtes. 

Et je vous regarde après l’amour un après-midi. Vous travaillez dans ma cuisine, tandis que le soleil caresse mes jambes. Cette photo en témoigne. Et nous savons à quel point notre plaisir explose de mille jouissances constamment renouvelées.

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happy

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(Photo, Diane Arbus, 1963)

parce qu’un silence
trop long
ébruite la rumeur

je me rabats tel
un projecteur
sur les jours impairs

anniversaire ou pas
pleuvra-t-il demain?

ici parfois vous sonnez
en bas des escaliers
tant d’efforts

en valoir la peine
attendre ou agir?

et ma bouche au bout
votre langue dedans
et tout le reste
enlacé

j’écris à la demande
pour dire que je suis ici
vous n’y êtes pas
happy

sinon le désir
et ce qui en découle
brille explose danse
ça prend des jours
pour redescendre
dans la braise
encore

sirène

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intérieur de cuisses
selfie de corps
trempé de chaud réconfort
seins submersibles
l’eau gicle sur les hautes
des noyaux à sucer
parfum d’amande
joues rosées
sirène sans queue
perle sous-marine
entre les doigts
mousse

le niveau monte
du rouge aux joues
vous nagez un back crawl
bouche à bouche
le désir hors de moi
au large nos cris
chavirent

feu!

et cette attente comme un missile.
Feu! Chatterton, La Malinche. 

 

dans un 600 pieds carrés un friday night joseph fornique marie fontaine plaisir en boucle oh my god chill best baise ever la vie n’est pas une merde il y a ce missile en bouche ce désir qui fusille

j’étais dans la vie

« Le point de démence de quelqu’un c’est la source même de son charme. Si tu ne saisis pas le grain de folie chez quelqu’un, tu ne peux pas l’aimer. »  Gilles Deleuze

J’aime cette phrase. Elle peut paraître bizarre ici. Et pourtant.

Mes textes se nourrissent de souvenirs, d’échanges de mails, de lectures, de rencontres passées ou actuelles avec des hommes au charme indéniable déversant leur folie comme un déchargement de sable dans mon carré de jeu, légère et joyeuse.

Faut pas s’y méprendre, il n’y en a pas des tonnes à la fois, je peux les compter sur les doigts d’une main ces hommes qui se déposent sur mon coeur sans l’égratigner. Des hommes seuls ou en couple. À petite dose. Pour mieux savourer. Tous avec une libido qui valse entre le 3,8 et le 5 sur 5.  Tout dépend des jours.  Avec une sensibilité et une intelligence toujours sur 5. Et cette facilité à redevenir ado en se tournant sur un 5 cents.  Aimer les fous rire. Les débats. La bouffe. Le sexe. Je suis célibataire, pour l’instant, j’en profite.

Dernièrement je n’ai pas écrit, j’étais dans la vie.

J’avais besoin de toucher, d’échanger, besoin d’être dans le réel. Je n’ai pas du tout écrit.

Sans paresse je suis sortie, j’ai reçu, je me suis gavée d’histoires, de mots, de regards, de caresses, loin du virtuel qui pourtant a continué à bourdonner dans la messagerie. Derrière leur ordi les hommes, surtout en couple, s’en donnent à coeur joie, faisant preuve de bravade, prompts à vous envoyer photos ou vidéos cochonnes, absolument prêts à vous retrouver dans un café à toutes heures du jour ou de la nuit, l’alibi finement tissé dans leur cerveau, la queue ferme. Désolée mesdames les conjointes. Seuls ceux qui se sont déjà fait prendre les culottes baissées hésitent longuement à sauter de nouveau dans l’arène, pour finir par y retomber.  Le temps efface tout. Au début c’est drôle, intense, par la suite la culpabilité ou la peur, les deux parfois, saisissent leurs couilles, ce n’est plus du tout bandant.  Audacieux ou peureux, je tiens dorénavant au loin ces hommes pas libres, gentiment je repousse leur invitation pour éviter les dead end, les culs-de-sac, les coïts interrompus. Who needs it? Mais, il y a toujours une ou deux exceptions à la règle. Il faut bien alimenter l’imaginaire, de près de loin, il faut nourrir la bête. Je vous raconterai.

 

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(photo de mon ami Mathieu)

Sinon j’ai fréquenté avec bonheur des hommes célibataires. Quelle liberté dans les mouvements! Pouvoir aller dans des lieux publics, voir des spectacles, flirter sans baiser, ou pouvoir passer la nuit en cuillère après l’amour, pouvoir ne pas compter les heures, nouer des amitiés. J’en redemande. Je vous raconterai.

Pour 2016, je vais essayer de ne pas retenir les faits, d’éviter le camouflage, de lâcher lousse le ou les grains de folie. Et ce désir qu’il ne faut jamais taire. Vous amener là où le vrai et le faux se tiennent par la main sur un fil de fer, sur la pointe des pieds, pour le vertige. Avec ou sans érotisme. De poèmes courts aux textes d’humeur, avec ou sans images. Sans changer le titre. Aller à la source du charme, là où la folie pimp la vie.

alone

en boule le désir roupille sous
la couette je lis du Houellebecq

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il m’a parlé de crush
j’ai pensé amour
j’imagine toujours le pire

dimanche alone
novembre démembre
mon sexe en chaleur

bas-culotte

Je déteste le bas-culotte, ça couvre le postérieur, le ventre, ça comprime la taille en laissant paraître le débordement de peau lorsque porté sous une robe moulante, même quand on est mince. Avec sa couture grossière qui monte, du pubis jusqu’au nombril, il marque la peau une fois enlevé, telle une vilaine incision cicatrisée. Sans compter l’inélégance du morceau de tissu au milieu de la culotte, qui se confond avec une serviette sanitaire.

Vous ne serez pas surpris si je vous dis que j’ai un tiroir rempli de stay-up et de bas jarretières, même si le porte-jarretelles se porte à la taille, au moins il ne la serre pas comme un bas-culotte. En prime, je m’éloigne du saucisson, le ventre et les fesses à l’air, les cuisses gainées de dentelle, la jambe enveloppée de nylon ou de laine, avec ou sans petite culotte. C’est plus sexy, avouez.

J’avais donc rayé définitivement le bas-culotte de mes achats. C’était avant de jouer avec celui qui a marqué d’un Sharpie rouge ma peau de ses initiales, tout juste avant qu’il prenne ce cliché, le no 525 du site http://hardcorettes.com

Je me suis réconciliée avec, le bas-culotte. Depuis j’en ai toujours une paire dans mon tiroir, prête à se faire piquer par le bout de son couteau, juste là au milieu, puis délicatement la lame remontera jusqu’à mon pubis, effleurera ma peau. Le nylon éventré je renverserai la tête vers l’arrière, ouvrirai la bouche, excitée.

interlude

désir aux dents
morsure d’amour
démesure de votre
sexe en ombre
chinoise sur le mur
une torpille entre
mes fesses il y a
tremblement
surplus de plaisir
longuement vous
m’embrassez avant
de partir au matin
le jour se couche
sur mes jambes

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baise-en-ville (2)

 

 

 

Toronto

 

2.

 

Puis, nous restons enlacés sans rien dire. Les gens autour se dissipent, les sons s’évaporent, absorbés que nous sommes par une lecture rapprochée de nos visages ravis, de nos yeux qui butinent un iris puis l’autre, pupilles dilatées, cils battant l’air au ralenti, de nos lèvres encore remuées par ce baiser brûlant, entrouvertes et colorées de pourpre velouté, attirantes comme la lumière pour des hétérocères. Would you like something to drink?

La voix semble lointaine, la deuxième fois qu’elle interroge, elle se fait claire, et perce la bulle dans laquelle nous étions, en apesanteur, les lèvres à ça de se toucher de nouveau. J’ai cru un instant qu’il nous avait dit would you like a room? Vous éclatez de rire, moi aussi, amusé le barman nous suggère un cocktail au nom qui nous enchante, Surprise Me. Dans le bruit de verres qui s’entrechoquent et des éclats de voix, je prends finalement conscience du lieu, qu’on peut facilement qualifié de chaleureux, en m’asseyant sur le tabouret à votre droite.

Joyeux vous me questionnez sur mon voyage en train, moi sur votre réunion importante, personne n’a vu votre main sur ma cuisse se faufiler là où ma petite culotte devrait être, puis redescendre jusqu’à mon genou et s’y immobiliser chaude. Je la couvre aussitôt de la mienne. Jeu de doigts, effleurements d’épiderme, délicieux cocktail, douceurs, ambiance feutrée, tandis que nous discutons et sourions sans arrêt entre chaque gorgée qui nous monte déjà à la tête.



Tu es d’une beauté affolante même sans ta culotte, et moi je suis non seulement légèrement ivre, mais surtout très bandé. Tu as faim? J’éclate de rire, vous avez de la suite dans les idées, j’adore, et j’ajoute que nous devrions terminer ce verre, prendre des plats à emporter et aller directement à l’hôtel. D’emblée vous acceptez cette proposition.

un baiser

baiser

Carolus-Duran, Le baiser (1868), Palais des beaux-arts de Lille.

 

au départ une absence 
au contraire de ce baiser
du peintre et de sa muse
ma bouche désertée flirte
sur vos mots à distance
éros accroché aux
commissures
ourle ma lèvre
éclat de sentiment
accumulation de
à ce point pleine
à rompre à fendre
juteuse

l’attente suppose 
un chaos joyeux
bouches en bataille 
cheveux balayés
dans la cuisine des
retrouvailles
l’instant s’étire
un caramel au soleil
ma robe colle 
irrévérencieuse
contre vous
je sautille
hors corsage
sous la poussée
mon cul cogne
l’inox du frigo

devant vous êtes
flou de si près
nos nez se choquent
prennent de la salive
parcourent reniflent
langues baveuses
arômes lubriques
nos mains défrichent
arrachent
sourires
gémissements

mes hanches balancent
la pièce tourne
autour de nous
le jour fuit
mon sexe aussi
un baiser chavire
par terre aucun vêtement
pas encore respirer
ne pas oublier de respirer