nylon

dans mon sac l’essentiel le chocker le plug la laisse le lubrifiant jamais nécessaire et autres objets en bandoulière full tendresse talons aiguilles jambes sheer black nylon couture jarretelles culotte minuscule de la même couleur au tissu soyeux aux attaches fines se perd dans la craque des fesses jupe cigarette rouge Pall Mall aux lèvres diaphane chemisier déboutonné jusqu’aux seins cheveux attachés remontés bien haut sur la tête la queue de cheval n’attend que votre main

sheerblacknylon

oui oui

j’ai désactivé Facebook
il est venu me voir

on s’est reconnecté
sur la chaise grise

lui assis
moi devant
à genoux
affamée

tu n’es pas très patiente
qu’il me dit entre deux coups de langue
je vais t’apprendre

j’ai hoché la tête
oui oui
la bouche pleine

lush

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Minuscule baleine échouée sur les cuisses, mais pas tant. Il a plutôt l’air d’un poisson érotique rose fluo, à la queue longue et fine d’un spermatozoïde grossit un milliard de fois et qui frétille sur un claquement de doigts.

Une fois insérée dans la chatte sa tête lisse se niche parfaitement. J’attends fébrile, assise sur la chaise grise, tout en fixant sa queue qui dépasse. Sagement mes mains restent immobiles tandis que mon corps dénudé anticipe la suite et mon impatience fait perdurer les secondes en heure.

Au moment où l’une de mes mains allait poser deux doigts diligents sur le clitoris pour passer le temps, à distance, comme si vous aviez su que je n’en pouvais plus d’attendre, vous starter l’application qui se met à jouer des coudes dans mon vagin étroit.

Tel que convenu, excitée,  je vous texte un laconique, ça fonctionne, et repose aussitôt mon téléphone pour savourer l’intrusion. L’objet exquis s’agite délicieusement. À votre guise le tempo change, la vitesse varie. Accélération de mon souffle, le lush s’affole. Je remonte les pieds pour les appuyer sur la table à café, je blush de partout, les fesses mouillées.

Vous semblez vous amuser avec les différents patterns qu’offre l’app, vous êtes le dj des vibrations, mon sexe danse en transe sur vos sélections. Il y a cette contraction qui survient, forte et qui, comme une fissure à la suite d’un tremblement de terre, traverse mon corps des pieds à la tête, sur un feu roulant. Puis tout s’arrête.

Haletante je souris. De près comme de loin, vous savez quand je jouis. You are the master of my joyful toy.

vertige

je règle ma respiration sur l’affluence du sang qui gonfle votre sexe ma tête valse entre vos mains un deux trois un deux trois un deux trois le compte se
perd en
 vertige ne plus compter la bouche pleine d’un matin délectable

 

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après la pluie le beau temps

On a beau se le dire, on a beau le savoir, sauf que parfois le brouillard nous colle au cul même quand il fait soleil. Et plutôt que de publier de la merde, j’ai lu du beau, j’ai visionné du doux. Une boulimie de beauté extérieure pour extirper le venin.

Écrire tout de même sans publier. Écrire quelque chose, peu importe quoi pour ne pas perdre pied.

J’ai tracé des lignes, et entre elles j’espérais, sans trop y croire.

Il y a des creux plus profonds que d’autres. J’ai sombré. Même les mails de l’amant en couple sont devenus lassants, même les baises avec l’amant plus jeune. Passer à autre chose. 

Ne plus perdre mon temps.

Déjà décider de ça.

Et le regard change.

Je me suis secouée un peu plus fort pour permettre à ma vie de prendre une autre trajectoire. Au fond, je suis vibrante, optimiste et je crois que les possibles sont juste là, à portée de main.

J’ai pris mon samsung alors que juin s’annonçait chaud. J’ai téléchargé Tinder. Et en deux jours ma trajectoire a percuté une météorite. Littéralement.

Les feux d’artifice au-dessus du pont Jacques-Cartier sont d’une pâleur risible à côté de ceux que vous déclenchés dans ma tête, dans mon corps, depuis ce premier rendez-vous au bar Grenade. Oui, parfois, tout fait sens. Même le nom d’un bar.

Explosif est l’instant où tout bascule.

Comme des aimants compatibles. Naturellement attirés. Tout nous plaisait au premier regard hors du virtuel. Parfois cela arrive. Cela est rare. Précieux. 

Votre sourire tout au fond de la terrasse en me voyant arriver. Constater que le mien était aussi radieux. Je me suis avancée vers vous légère. Vous vous êtes levé, grand, mince, beau, farouchement beau, plus beau que sur vos photos. Avoir cette impression d’un soir de chance, d’un vent qui tourne. De nos baisers sur les joues, le désir s’est installé comme une promesse.

Au-dessus de nos têtes, un ciel étoilé.

Les astres étaient alignés.

Comme dans les films.

Encore faut-il qu’il y ait de la consistance, de quoi stimuler non seulement le corps mais l’esprit. Encore là comme des aimants compatibles, la conversation coulait de source, amusante, tonifiante, un long plan-séquence savoureux, un sans faute ponctué de rire, de délire, de complicité non feinte. En moins d’une heure, j’oubliais le temps et toute la merde des mois d’avant.

Le bien-être se partage à chaud.

Vous m’avez raccompagné jusque chez moi. Entre Ontario et Logan, nos pas faisaient exprès pour se rapprocher dans un frottement de bras, un effleurement d’épaules.

Notre baiser devant chez moi s’est prolongé tellement c’était bon. Collée contre vous, la connivence, délicieuse, suintait de nos pores, des pieds à la tête. Je vous ai laissé monter chez moi et depuis, sans surprise, avec ravissement, nous baisons comme des bêtes avides.  Tout de suite cela était clair, limpide. S’amuser ensemble est devenu la plus belle chose qui soit. Je connais maintenant l’extase.

Depuis, nos jours sont des fêtes. 

Et je vous regarde après l’amour un après-midi. Vous travaillez dans ma cuisine, tandis que le soleil caresse mes jambes. Cette photo en témoigne. Et nous savons à quel point notre plaisir explose de mille jouissances constamment renouvelées.

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happy

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(Photo, Diane Arbus, 1963)

parce qu’un silence
trop long
ébruite la rumeur

je me rabats tel
un projecteur
sur les jours impairs

anniversaire ou pas
pleuvra-t-il demain?

ici parfois vous sonnez
en bas des escaliers
tant d’efforts

en valoir la peine
attendre ou agir?

et ma bouche au bout
votre langue dedans
et tout le reste
enlacé

j’écris à la demande
pour dire que je suis ici
vous n’y êtes pas
happy

sinon le désir
et ce qui en découle
brille explose danse
ça prend des jours
pour redescendre
dans la braise
encore

toc toc

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tout commence après

comme espéré comme attendu

sinon la mort ou tout comme

respirer sans bouger à peine

sur une chaise la lumière change

à ce point immobile le temps fuit

au chaud tout de même

dans un bain sous la laine

toute ardeur souhaitée dans l’absence

l’inaction le silence en harmonie

en larmes aussi

tout baigne

 

le cul botté par des mails

des bouées en surface je m’agrippe

à la porte toc toc toc ce même regard

de pupilles bandées une fois ouverte

iris bleus bruns pers verts

vous avez l’air timide

juste un peu avant

tous avez cet air de coup de vent

qui s’arrête

 

un baiser se pose

éternel et éphémère

 

recommencer

 

 

 

sirène

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intérieur de cuisses
selfie de corps
trempé de chaud réconfort
seins submersibles
l’eau gicle sur les hautes
des noyaux à sucer
parfum d’amande
joues rosées
sirène sans queue
perle sous-marine
entre les doigts
mousse

le niveau monte
du rouge aux joues
vous nagez un back crawl
bouche à bouche
le désir hors de moi
au large nos cris
chavirent

feu!

et cette attente comme un missile.
Feu! Chatterton, La Malinche. 

 

dans un 600 pieds carrés un friday night joseph fornique marie fontaine plaisir en boucle oh my god chill best baise ever la vie n’est pas une merde il y a ce missile en bouche ce désir qui fusille

j’étais dans la vie

« Le point de démence de quelqu’un c’est la source même de son charme. Si tu ne saisis pas le grain de folie chez quelqu’un, tu ne peux pas l’aimer. »  Gilles Deleuze

J’aime cette phrase. Elle peut paraître bizarre ici. Et pourtant.

Mes textes se nourrissent de souvenirs, d’échanges de mails, de lectures, de rencontres passées ou actuelles avec des hommes au charme indéniable déversant leur folie comme un déchargement de sable dans mon carré de jeu, légère et joyeuse.

Faut pas s’y méprendre, il n’y en a pas des tonnes à la fois, je peux les compter sur les doigts d’une main ces hommes qui se déposent sur mon coeur sans l’égratigner. Des hommes seuls ou en couple. À petite dose. Pour mieux savourer. Tous avec une libido qui valse entre le 3,8 et le 5 sur 5.  Tout dépend des jours.  Avec une sensibilité et une intelligence toujours sur 5. Et cette facilité à redevenir ado en se tournant sur un 5 cents.  Aimer les fous rire. Les débats. La bouffe. Le sexe. Je suis célibataire, pour l’instant, j’en profite.

Dernièrement je n’ai pas écrit, j’étais dans la vie.

J’avais besoin de toucher, d’échanger, besoin d’être dans le réel. Je n’ai pas du tout écrit.

Sans paresse je suis sortie, j’ai reçu, je me suis gavée d’histoires, de mots, de regards, de caresses, loin du virtuel qui pourtant a continué à bourdonner dans la messagerie. Derrière leur ordi les hommes, surtout en couple, s’en donnent à coeur joie, faisant preuve de bravade, prompts à vous envoyer photos ou vidéos cochonnes, absolument prêts à vous retrouver dans un café à toutes heures du jour ou de la nuit, l’alibi finement tissé dans leur cerveau, la queue ferme. Désolée mesdames les conjointes. Seuls ceux qui se sont déjà fait prendre les culottes baissées hésitent longuement à sauter de nouveau dans l’arène, pour finir par y retomber.  Le temps efface tout. Au début c’est drôle, intense, par la suite la culpabilité ou la peur, les deux parfois, saisissent leurs couilles, ce n’est plus du tout bandant.  Audacieux ou peureux, je tiens dorénavant au loin ces hommes pas libres, gentiment je repousse leur invitation pour éviter les dead end, les culs-de-sac, les coïts interrompus. Who needs it? Mais, il y a toujours une ou deux exceptions à la règle. Il faut bien alimenter l’imaginaire, de près de loin, il faut nourrir la bête. Je vous raconterai.

 

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(photo de mon ami Mathieu)

Sinon j’ai fréquenté avec bonheur des hommes célibataires. Quelle liberté dans les mouvements! Pouvoir aller dans des lieux publics, voir des spectacles, flirter sans baiser, ou pouvoir passer la nuit en cuillère après l’amour, pouvoir ne pas compter les heures, nouer des amitiés. J’en redemande. Je vous raconterai.

Pour 2016, je vais essayer de ne pas retenir les faits, d’éviter le camouflage, de lâcher lousse le ou les grains de folie. Et ce désir qu’il ne faut jamais taire. Vous amener là où le vrai et le faux se tiennent par la main sur un fil de fer, sur la pointe des pieds, pour le vertige. Avec ou sans érotisme. De poèmes courts aux textes d’humeur, avec ou sans images. Sans changer le titre. Aller à la source du charme, là où la folie pimp la vie.